GÉOGRAPHIE

LABEAUME : UN ENVIRONNEMENT ET UNE GÉOGRAPHIE REMARQUABLES

UN RELIEF ORIGINAL

La commune de Labeaume présente, sur une superficie de 1766 hectares, plusieurs types de paysages contrastés entre les vallées profondes et les plateaux dénudés. Ils sont, dans leur quasi totalité, influencés par la nature des roches qui affleurent sur la plus grande partie de leur surface. Les couches sont presque exclusivement calcaires : un peu marneuses à l’Ouest, elles deviennent très dures à l’Est. Leur dureté est telle que le calcaire est exploité à Peyroche, juste au-dessus de l’Ardèche, où l’on extrait de la Pierre de Ruoms , qui vient de Labeaume…

LE PLATEAU DES GRAS

Il couvre la plus grande partie du territoire, entre les gorges de la Ligne au nord-est, de l’Ardèche à l’est et de la Baume au sud. Il correspond à une surface calcaire peu ondulée ayant une pente très douce vers l’Est. L’altitude, de 260 à 270 m au-dessus de Rosières, n’est plus que de 170 m au-dessus de Ruoms.

Sur et plus encore dans la roche calcaire se forme un paysage original, dit « karstique ». La roche affleure partout et certains secteurs possèdent des formes semblables à celles du célèbre Bois de Païolive, qui s’est développé dans les mêmes terrains : rochers ruiniformes, fissures profondes dans lesquelles disparaissent les eaux.

Ce paysage karstique se caractérise par la capacité de la roche à absorber l’eau. Au lieu de circuler en surface, elle s’infiltre très rapidement. Les karsts sont complètement dépourvus de cours d’eau, même si lors d’orages exceptionnels, les dépressions peuvent devenir des lacs temporaires.

La capacité des calcaires à absorber l’eau a des conséquences sur la vie des hommes sur les Gras :
– les sources et les puits sont quasi inexistants. Les grands mas que l’on peut admirer sur le plateau ne vivaient autrefois que grâce à de vastes citernes qui collectaient l’eau, des toits le plus souvent, mais parfois aussi de surfaces calcaires en légère pente, comme au Bois Saint Martin ou à Gadret. Les eaux collectées sur le sol étaient en général réservées aux bêtes ou à l’arrosage des jardins, celles des toits étaient pour les hommes ;
– la circulation de l’eau dans le calcaire se faisant en grande partie par de larges fissures, il n’y a aucune épuration naturelle de cette eau, qui ressort des massifs calcaires dans l’état dans lequel elle y est entrée. Il est donc indispensable d’être très attentif aux risques de pollution sur les Gras, surtout lors de la mise en place d’assainissements individuels ;
– en revanche, les réserves en eau dans les plateaux calcaires sont souvent abondantes, mais presque inaccessibles, sauf à la périphérie où des sources importantes restituent toutes les eaux infiltrées. Ces sources peuvent être étonnantes, comme ces « jardins suspendus » que l’on trouve dans les gorges de la Baume, qui utilisaient autrefois l’eau d’une vasque sortant d’une fissure du calcaire, si abondante qu’on ne parvenait pas à vider la vasque.

Le plateau n’est pratiquement plus cultivé de nos jours. L’élevage de moutons et de chèvres, autrefois important, a disparu, ce qui provoque la croissance des buis et autres végétaux envahissant les prés et favorisant les feux. Il est question de réimplanter une zone agro pastorale au Nord de la Commune.

Une des raisons principales de l’abandon des cultures est la pauvreté, voire l’absence des sols sur le plateau et ses versants. On y pratique la « monoculture du caillou », car les pierres affleurent partout, quand ce n’est pas la roche en place. Ces paysages « sauvages » et désolés sont peu favorables à l’activité agricole. Ils sont cependant source de dépaysement pour les visiteurs qui croient y retrouver un paysage naturel et sauvage.

Or, toute la commune de Labeaume est constituée de ce que l’on appelle un paysage « anthropique », c’est-à-dire formé par l’action de l’homme. En effet, il y a dix mille ans, les plateaux calcaires français étaient couverts de forêts denses installées sur des sols continus. Ce sont les éleveurs du Néolithique et ceux qui les ont suivis qui ont, durant la première crise écologique de l’histoire des hommes, complètement déboisé les plateaux calcaires pour y faire paître leurs troupeaux. Ils étaient nombreux, comme l’atteste le grand nombre de monuments mégalithiques (138) découverts à Labeaume. Les sols sur le calcaire, très fragiles, n’ont plus été protégés par la couverture forestière. Ils ont été érodés et ont presque disparu, sauf dans quelques dépressions fermées dans lesquelles ils se sont accumulés et qui sont les seuls secteurs vraiment cultivables du plateau. Cette absence de sols aggrave les difficultés de mise en place d’assainissements individuels : il est parfois presque impossible de trouver des surfaces suffisantes pour implanter les réseaux de drains d’infiltration prolongeant les fosses septiques.

LES GORGES

Elles présentent des versants très pentus, avec des parois nombreuses, dues à la grande résistance à l’érosion des couches calcaires et à « l’immunité » à l’érosion des parois verticales : parallèles à la pluie, elles ne sont pratiquement plus attaquées par l’eau. Dans les parois, on observe fréquemment des traces de l’action souterraine de l’eau, sous forme de grottes, d’abris. Cavités et parois sont particulièrement remarquables sur le site du village de Labeaume.

Le fond des gorges est très étroit, hormis dans de rares élargissements de méandres. Les gorges, comme les Gras,  sont beaucoup moins exploitées qu’elles ne l’étaient il y a un siècle. Elles ont, dans leur partie centrale, repris un aspect « sauvage », mais pas naturel puisque bois et taillis couvrent des surfaces où les moutons paissaient autrefois.

Les cours d ’eau qui ont formé les gorges, Ligne au Nord, Ardèche à l’Est et Baume au Sud, proviennent tous des Cévennes situées à quelques dizaines de kilomètres à l’ouest. Ce sont des eaux allogènes qui peuvent s’assécher temporairement, souvent en fin d’été. Cela arrive fréquemment, par exemple, dans les gorges de La Baume, en amont des Gras, jusqu’à ce que la résurgence d’Arleblanc apporte des eaux souterraines reconnaissables en été à leur fraîcheur.

Ces rivières allogènes coulaient à l’origine à la surface des Gras. On trouve des vestiges de leur passage sous formes de poches ou de placages de galets de schistes ou de roches magmatiques en provenance des Cévennes.

Elles ont formé les gorges en s’enfonçant progressivement dans le calcaire.

UN CLIMAT ET DES COURS DEAU TOUT AUSSI ORIGNAUX

Le climat est de type méditerranéen, atténué par l’éloignement de la mer et la position de la France dans la partie occidentale de la Méditerranée. Les étés sont chauds et secs, mais parfois rafraîchis par des orages, surtout en août – septembre. Les précipitations sont assez abondantes, mais souvent violentes. Aussi les périodes de pluies sont-elles assez rares.

Dans leur partie haute cévenole, ces rivières drainent des vallées aux versants très raides, séparées par des  « Serres ». Elles sont elles-mêmes fort pentues. Cela leur donne des caractères originaux à fortes contraintes pour les habitants : elles sont parfois presque à sec en été. Mais en toutes saisons, avec un risque accru à l’automne et au printemps, elles sont capables de connaître des crues redoutables. Ces crues, dites cévenoles, sont liées aux plus violentes pluies que l’on connaisse en France métropolitaine, avec des abats d’eaux de 300 à 400 mm en 24 heures. L’eau dévale à vive allure la partie cévenole et arrive avec une violence extrême dans les gorges. Ces crues posent de difficiles problèmes d’aménagement. Les crues du 22 septembre 1890 et du 22 septembre 1992 sont restées dans les mémoires et sont montées si haut que leur niveau est signalé sur une maison de la place centrale de Labeaume et sous l’église de Rosières. Plus récemment, le 17 août 2004, une crue un peu moins violente a parcouru les gorges en plein été, provoquant une noyade.

UNE VÉGÉTATION MÉDITERRANÉENE DÉGRADÉE

L’abandon progressif de l’agriculture depuis un siècle a modifié les paysages : alors qu’ils étaient complètement dénudés au début du XXe siècle, tant l’espace était exploité, les buissons, arbustes et arbres ont progressivement réoccupé les fonds de vallée, hormis quelques rares surfaces encore cultivées ou pâturées ; il en est de même sur les Gras, où l’on observe souvent des bois peu élevés, peu serrés, typiques d’une garrigue méditerranéenne sur terrains calcaires. L’omniprésence des murs montre qu’il s’agit partout d’anciennes terres exploitées. Ces bois présentent un grand risque lors des incendies, presque impossibles à arrêter si le vent souffle.

L’ensemble de ces traits, ajouté à la beauté de l’architecture rurale, donne à la commune une originalité certaine, très liée à l’histoire rurale de Labeaume durant les deux derniers siècles. Plus que jamais, cette originalité et cette diversité méritent d’être sauvegardées et protégées.

Bibliographie

LABEAUME DANS L'HISTOIRE

L’histoire du village de Labeaume n’a pas le caractère exceptionnel que possèdent des villages comme  Balazuc ou Vogüé où des familles seigneuriales prestigieuses ont laissé de multiples traces au cours des âges. Son passé ressemble à celui de  nombreux villages qui en raison de leur difficulté d’accès ont vécu dans un grand isolement durant des siècles.

Par contre, Labeaume s’enorgueillit d’un riche passé préhistorique, c’est la commune de France, d’Europe et même du monde ! possédant le plus grand nombre de dolmens : 138 ont déjà été répertoriés sur le plateau, et ce bilan n’est pas définitif, attestant une présence humaine  nombreuse au Néolithique final et au Chalcolithique, il y a environ 4000 à 4500 ans.

C’est aux XIIIe et XIVe siècles que se développe le village : une première mention de « Balma » remonte au XIIIe siècle. Un château « castri de Balma » est attesté au XIVe, il n’en subsiste que les  vestiges de « la Tourasse » dans le haut de la Calade. Une inscription insérée dans un mur de l’église est datée de 1340.

Du Moyen Âge au XVIIIe siècle, une série de coseigneurs se succédèrent et se partagèrent les droits seigneuriaux sur la paroisse (les seigneurs de Sampzon, de Joyeuse, de Balazuc…), eux-mêmes vassaux de l’évêque de Viviers. Aux XVIIe – XVIIIe siècles, Labeaume relevait de la baronnie de Joyeuse, fief de l’illustre maison des Rohan Soubise. En 1788, un an avant la Révolution, celle-ci vend les droits honorifiques de la baronnie à Cérice de Vogüé. Terres et seigneurie de Labeaume sont achetées par Jean-Louis de Montravel, receveur des gabelles à Joyeuse. Il se fait appeler Tardy de la Baume et après la Révolution, il possède la seconde fortune du département. Une famille « de la Baume » résidant actuellement dans la Drôme est la lointaine héritière de seigneurs de Labeaume.

Nous n’avons pas de trace des Guerres de Religion qui ont joué un grand rôle dans la région, en dehors d’une éventuelle incursion des Camisards en 1706. Pendant la période révolutionnaire, sous la Terreur, en 1793-94, les prêtres réfractaires se cachent, protégés par une population très attachée au catholicisme. Deux d’entre eux, réfugiés à Chapias, sont miraculeusement sauvés : ils sont à l’origine de la construction de l’église, de la tour de Chapias (1884) et d’un pèlerinage très suivi jusqu’en 1914. En réalité, les véritables victimes furent les républicains. Sous le Directoire, le département fut en proie à la chouannerie, et les « brigands royalistes » s’en prirent aux acquéreurs de biens nationaux, ce qui fut le cas de Charles Tourre à Labeaume.

Le début du XIXe siècle est marqué par l’extraordinaire développement de la sériciculture qui marque le passage de la vie en autarcie à l’économie moderne et modifie l’aspect de la commune dont la population était jusque-là concentrée au chef-lieu et aux hameaux. Les habitants s’installent sur toute  l’étendue du plateau et y plantent des mûriers pour nourrir les vers à soie. La population passe de 760 habitants en 1820 à 1200 habitants en 1850 (en 1850, Ruoms n’en a que 1000 !). Cette date correspond à l’apogée de la civilisation paysanne en France.

Mais la crise du ver à soie à partir de 1850 conjuguée à celle de la vigne (phylloxéra en 1870) met fin à cette prospérité de courte durée. La grande crue de 1890 détruit les jardins et les cultures. La Guerre de 14 avec ses 46 morts marque le point ultime du désastre où se conjuguent l’exode rural et la dénatalité. En 1962, la population atteint son niveau le plus bas : 340 habitants. Les écoles ferment. Les maisons désertées tombent en ruine.

Le renouveau dans les années 1970 est le fait du tourisme qui a pour premier effet de remettre en état les habitations rachetées par des Parisiens, des Rémois, des Lyonnais… L’adduction de l’eau courante et la démocratisation de l’automobile permettent une diffusion importante et incontrôlée de la construction individuelle qui se localise essentiellement sur la zone située entre le village et Ruoms. Labeaume est devenu la banlieue de Ruoms et ce mouvement semble s’accélérer durant ces dernières années. De vastes campings installés au confluent de l’Ardèche et de la Baume accueillent les vacanciers venant de toute l’Europe.

Le village a acquis en 1999 le label « village de caractère » et il s’y tient depuis 1996 un festival de musique de renom. Il voit affluer lors de la saison touristique un nombre tel de visiteurs et de baigneurs que la circulation et le stationnement des véhicules finissent par poser de graves problèmes.

En dépit de cette affluence, la commune n’a pas retrouvé de vie en hiver, le village restant désert malgré l’installation de nouveaux résidents qui y vivent une grande partie de l’année.

mhb

Bibliographie

LA RIVIÈRE & L'EAU

La Beaume ou La Baume, cours d’eau de 40 km de longueur, est un affluent de la rive droite de l’Ardèche. La Baume prend naissance au fond d’une vallée profonde près du village de Loubaresse, l’un des villages les plus pluvieux de France, à 1200 mètres d’altitude, puis dévale les pentes du Tanargue et le vallon de Valgorge avant d’arriver dans la vallée pour finir sa course au sud de Ruoms et se jeter dans l’Ardèche. Elle offre de jolies plages de sable et de rochers. Le contexte géologique de cette rivière est particulier. La partie amont de la Beaume est constituée principalement par du granite. Plus on descend la rivière, plus ces roches disparaissent pour laisser place aux schistes et quartz. En aval, nous observons encore un changement géologique, un paysage essentiellement constitué de formations calcaires.

L’affluent principal de la Baume est la Drobie, cours d’eau de 24 km de longueur, qui prend sa source dans la vallée de Sablières à 1 180 mètres d’altitude. Sa confluence avec la Beaume se situe au niveau du pont des deux Aygues. Cette rivière se caractérise par ses pentes de schiste et ses petits gours d’eau fraîche.

Les vallées de la Baume et de la Drobie appartiennent au Vivarais Cévenol, à la bordure sud-est du Massif Central, altitude de 1 000 à 1 700 mètres, qui s’étend du massif du Tanargue au nord, jusqu’au Cévennes au sud.

Un phénomène géomorphologique explique la répartition des eaux : la ligne de partage des eaux suit une ligne de crête séparant le bassin hydrographique du Rhône de celui de la Loire.
– À l’est, toutes les eaux dévalent une forte pente, entaillent des vallées étroites et profondes pour rejoindre l’Ardèche, le Rhône et la Méditerranée.
– À l’ouest de cette « frontière», les eaux coulent vers l’Allier puis la Loire et l’Atlantique en façonnant un versant doux et propice aux pâturage.
La ligne de partage des eaux se situe au Bez sur la commune de Borne.

La situation géographique de notre département, traversé par le 45° parallèle, distant de 100 km de la Méditerranée et de 400 km de l’Atlantique, explique les influences climatiques méditerranéennes et océaniques.

C’est sur la bordure sur-est du Massif Central, sur les Monts du Vivarais (1 750m) que la pluviométrie est la plus abondante. La pluviométrie moyenne annuelle varie de 1 800 mm en Cévennes à 960 mm dans les gorges de l’Ardèche. Ces moyennes peuvent cacher des extrêmes impressionnantes : à une sécheresse estivale succèdent des pluies automnales violentes : (800 mm en 24 h – 1 410 mm à Valgorge du 25/09 au 21/10 1907). Le matin du 22 septembre 1992, il a été recueilli plus de 300 mm d’eau en moins de 4 heures, dans les vallées cévenoles, de Sablières à Peyre.

Depuis quelques années, la qualité de l’eau se dégrade fortement dans la partie aval de la rivière comme en témoigne les nombreuses traces d’eutrophisation.
En période sèche, le débit d’étiage est particulièrement faible à certains endroits même si la Baume est toujours en eau jusqu’à l’Ardèche.
Cette évolution, liée à une forte concentration touristique en été, est le résultat concomitant :
– des pompages effectués dans la rivière qui affaiblissent les débits participant à la dilution des matières organiques, (puisage de Vernon, notamment)
– des activités génératrices de pollution mal gérées ou insuffisamment contrôlées.

L’Ardèche, une rivière dangereuse

La Beaume, comme le Chassezac, participent bien sur aux mouvements toujours imprévisibles de la rivière dans laquelle ils se jettent.
Lors de grosses crues, l’Ardèche dans sa partie basse charrie plus de 5000 m3/sec. (contre 5 à 10 m3/sec en période de sècheresse ). Sa vitesse atteint 20 à 25 km/h. en Cévennes et 12 à 15 km/h. dans les Gorges.
Du fait du rétrécissement du lit majeur de la rivière dans les Gorges, il se crée un phénomène de barrage et le niveau peut alors monter de plus de 20 m. sous le Pont d’Arc.
Lors de la crue du 22/09/1890 l’Ardèche repris même son ancien méandre.
De telles inondations ne sont pas rares et font de l’Ardèche en ces occasions un des cours d’eau  les plus terribles d’Europe.

Les plus fameuses crues sont celles de : 05/1382 – 11/02/1407 – 24/03/1476 – 07/1501 – 26/07/1508
09/1522 – 03/09/1664 – 09/09/1772 10/101827 – 28/10/1846 – 08/10/1878 et 21/10/1878
22/10/1890 – 29/10/1900 – 30/09/1958 – 06/10/1963 – 08/10/1970 – 10/11/1976 – 23/10/1977 – 08/11/1982

La crue du 22 Septembre 1890 : La plus dévastatrice de toutes.
Elle atteignit 17,30 m à la Tour du Moulin de Salavas – 21 m au Pont d’Arc – Son débit approche les 7500 m3/sec.( ? ) au plus fort moment. En se jetant dans le Rhône, l’Ardèche refoulait le fleuve et le maintenait 2 m au dessus de son niveau habituel ; 28 ponts furent emportés dont ceux de Voguë, le pont de Beaume à Auriolles…, voies de communications, moulins, fabriques endommagés. Une cinquantaine de morts furent dénombrés.

PAYSAGE & ARCHITECTURE

Les premiers habitants de Labeaume se sont installés le long de la rivière, d’abord probablement dans des grottes, puis au seul endroit où la Baume pouvait à la fois être facilement franchie et permettre la relation entre les passages conduisant d’une part au plateau de Labeaume, d’autre part à celui de Saint-Alban Auriolles. Du Moyen Âge jusqu’au XIXe siècle, le village s’est développé, accroché à la falaise par ses calades et ses escaliers, utilisant la moindre terrasse. Les habitants se sont assez longtemps contentés de cette situation privilégiée, proche de la rivière, qui fournissait à la fois le sol et l’irrigation de « jardins » inondables mais fertiles, qui permettait  la pêche, et  qui facilitait aussi les contacts avec la vallée de l’Ardèche. Plus tard, ce sera le lieu d’installation des services et des commerces (boulanger, épicerie, café, écoles…)

À partir du XVIIIe siècle, après la fin des guerres de religions, puis des dragonnades, l’amélioration de la sécurité, la pression démographique et la diffusion de productions agricoles plus marchandes (olives, fromages, vignes et enfin ver à soie) ont conduit à la conquête du plateau par de grandes propriétés, presque des maisons fortes. Les fermes de l ’Abeille, des Ayguières, de la Graille, de Peyrefit et quelques autres … développent autour d’elles un réseau d’habitations plus petites, et donnent même parfois naissance, grâce à la route ou à un édifice  religieux, à un hameau voire à un village (Champrenard, Chapias).

Cela a donné ce paysage si particulier du plateau , parsemé de magnifiques bâtisses qui se tenaient cependant à distance respectueuse les unes des autres, compte tenu des étendues cultivées par chacune d’elles, sur chaque parcelle de terre arrachée au rocher, chaque « bioule », chaque doline.

Très tôt, avec le développement des surfaces cultivées, le paysage est également structuré par les « clapas »alignements de pierres regroupées pour faciliter la culture, et par des murettes permettant de joindre l’utile à la sécurité.

La végétation est rare : les chèvres y veillent, et seuls quelques grands chênes ou micocouliers, plus tard quelques cèdres, marquent de leur silhouette un paysage avant tout minéral.

Les deux formes urbaines, grandes fermes dispersées et village fortement groupé sur son flanc de falaise, utilisent pour leur architecture les mêmes matériaux locaux : le calcaire, bien sûr, omniprésent et très tôt exploité par des carriers professionnels, et l’argile des dolines pour les tuiles rondes. À proximité de la rivière et notamment au village, on récupère les plus gros galets roulés par la rivière.

L’architecture est très homogène, notamment sur le plateau, marquée par des volumes techniques importants (granges et étables au rez-de-chaussée, vastes greniers et magnaneries sous les toits, escalier sur voûte et calabert au niveau habitable). Le « couradou », terrasse couverte est caractéristique des zones de sériciculture. La construction, toute de pierres, contribue à donner à ces maisons une volumétrie simple mais majestueuse.

Portes et fenêtres sont toujours plus hautes que larges, étroites ou inexistantes du côté du mistral ; les pentes de toitures sont bien marquées et leurs surfaces importantes pour faciliter la récupération des eaux de pluie vers les citernes. Les façades sont élégantes dans leur austérité, à peine marquées par les allèges de linteaux ou par de rares sculptures.

Rien ou presque ne varie dans ces données jusque dans les années 1950 : le pays a été déserté progressivement depuis la Grande Guerre, et le bâti est à l’époque très abîmé par l’abandon des hommes et le retour de la végétation. Le village est alors quasiment en ruine et on ne dénombre que … habitants au recensement de 1954.

L’après-guerre voit l’arrivée de nouveaux habitants, moins permanents, mais qui enthousiasmés par la qualité du site, du paysage et de la rivière, rachètent ou rénovent l’essentiel du bâti abandonné, c’est-à-dire environ la moitié des logements existants sur la commune. La très grande majorité de ces nouveaux propriétaires a pris grand soin de redresser murs et toit à l’identique, assurant globalement le maintien ou le renouveau d’un patrimoine de très grande qualité, que ce soit au village ou sur le plateau.

Malheureusement, depuis le milieu des années 80, l’accélération de la croissance et de la pression touristique, l’augmentation de la spéculation foncière, la standardisation et l’industrialisation du secteur de la construction menacent gravement le paysage et les équilibres atteints ou maintenus depuis des siècles.

Cette pression se manifeste initialement au plus près de Ruoms, la petite ville voisine, où s’implantent de nombreuses résidences principales ou secondaires, puis un village de vacances important à la Buissière. Elle se poursuit le long de la route principale, puis vers Laurenson, et vers les hameaux de Champrenard et de Chapias, transformant rapidement le CD 245 en une route de desserte de plus en plus « banlieurisée ». Ce mouvement s’est considérablement accéléré ces cinq dernières années.

Initialement limitée à proximité du village (une vingtaine d’implantations neuves en vingt ans) la diffusion de l’urbanisation s’étend aujourd’hui sur l’ensemble du plateau, particulièrement dans les secteurs de l’Issart, de Linsolas, et le long de la route des carrières.

En 2005 et 2006, plusieurs dizaines de permis de construire ou de certificats d’urbanisme ont été déposés- parmi lesquels un bon nombre heureusement sans suite- dans un contexte totalement étranger aux besoins réels de la Commune.

ÉDITIONS

À découvrir !
Chemin plateau des Gras, Labeaume

LA FAUNE & LA FLORE

 LA FAUNE DE LABEAUME

Comme l’ensemble des Gras, le plateau de Labeaume est un biotope particulièrement riche Sa faune et sa flore justifie le classement d’une importante Zone naturelle d’intérêt écologique faunistique et floristique ainsi que l’intégration d’une part importante du territoire en zone Natura 2000.
Les cavités des parois, les forêts, les garrigues, les vieux murs sont autant de milieux où la vie sauvage peut s’installer.

L’entomofaune est très variée. Les cigales en sont le symbole sonore. Les adultes apparaissent en juin après plusieurs années de vie larvaire souterraine. Elles se nourrissent de liquides végétaux en enfonçant leur rostre dans les plantes. Elles vivent le temps d’un été à la recherche du partenaire grâce à leur chant stridulant. Après éclosion sur les arbres, les larves commencent leur existence souterraine.
Mais il est bien d’autres richesses plus ou moins discrètes. Sous les écorces et dans la litière, un petit monde profite de la décomposition des végétaux. (Cloportes, collemboles…)

Un certain nombre de nos insectes locaux sont issus de groupes tropicaux. C’est le cas des mantes dont les mœurs ont été remarquablement décrits par l’entomologiste J.H Fabre ; aussi les empuses dont on peut rencontrer la larve ou diablotin avec son abdomen recourbé vers le haut. La magicienne dentelée est un insecte assez rare et curieux. La femelle possède un organe de ponte presque aussi long que le corps. Le mâle étant inconnu en Europe, les œufs se développent sans fécondation (parthénogenèse).

Bien représentés apparaissent au printemps les deux espèces d’éphippigères et le criquet de barbarie, petit criquet au chant stridulant dont les ailes déployées sont rouges.

Les floraisons estivales coïncident avec l’apparition de beaux papillons habitués des saisons chaudes : parmi les plus communs, le Citron, flamboyant papillon jaune rayé de noir.

Un petit insecte, le Blastophage intervient de façon essentielle dans la reproduction du Figuier, dont les fleurs mâles et les fleurs femelles sont regroupés à l’intérieur d’un conceptacle (la future figue). Par un cycle remarquablement réglé les insectes trouveront dans ces conceptacles d’abord un lieu de rencontre, puis plus tard un lieu de ponte. Etroite association au bénéfice réciproque sans laquelle les deux organismes ne peuvent pas se reproduire !

L’oursin bleu fournit aux abeilles un nectar abondant attirant l’insecte qui va le polliniser.

La forêt abrite bien sur de nombreux sangliers, ainsi que deux reptiles remarquables dans ces milieux secs.

La couleuvre de Montpellier occupe le pourtour méditerranéen. Sa forme occidentale (Malpelo monspessulanus) est le seul représentant africain établi en France. De grande taille (jusqu’à plus de 2 m et 23 kg pour le mâle adulte, (la femelle est plus petite), elle se caractérise par son comportement social et sexuel.
Les autres serpents de France stockent leur sperme en hiver et sont prêts à s’accoupler dès le mois d’avril. Chez la couleuvre de Montpellier, l’élaboration des gamètes s’effectue au printemps. Les mâles présentent sur le dos au niveau du cœur, une selle caractéristique formée d’écailles noires agissant probablement comme un accumulateur de chaleur, ce qui favorise la spermatogenèse. Les accouplements ont lieu en mai-juin et la ponte de fin juin mi-juillet. En septembre naissent des couleuvreaux longs de 22 à 33 cm. Un comportement frotteur et marqueur est utilisé pour la vie sociale. Le frottement consiste à appliquer sur ses plaques ventrales un fluide nasal contenant des protéines, des lipides, du potassium et du sodium qui, en séchant rapidement devient invisible. Le marquage se fait d’une part sur le sol (traçage des pistes de chasse, marquage d’un territoire par le mâle pour avertir d’autres mâles), d’autre part sur le dos des congénères pour distinction du degré hiérarchique (soumission au chef territorial). L’automobile laisse de nombreuses veuves ! Mais le feu permet de dégager des espaces plus ensoleillés propices à l’extension de l’espèce. La couleuvre de Montpellier est un peu venimeuse mais inoffensive pour l’homme. Elle est un excellent chasseur de rats et, s’il y en a, de vipères.

Le lézard ocellé impressionne toujours par sa taille (40 à 60 cm) et son poids. Rencontré sur une murette en pierre sèche, le plus grand des lézards de France est omnivore et très vorace (insectes et fruits murs). Il peut être la proie de la couleuvre de Montpellier et de certains rapaces.

Les petits mammifères, les reptiles et les batraciens découvrent derrière les pierres des endroits propices et trouvent en abondance des insectes pour se nourrir.

Parmi les oiseaux, le rapace le plus commun est le circaète jean-le-blanc qui survole les espaces à la recherche de serpents et lézards.
Les oiseaux exploitent le milieu naturel et ses ressources alimentaires ou géologiques.
Beaucoup de jeunes naissent au printemps au moment où les petits vers, larves sont abondants pour nourrir les nichées. C’est donc en automne que les effectifs d’adultes sont les plus sevrés, leur nourriture étant plus végétarienne. Il ne faut donc pas s’étonner que les pics de fructifications des plantes se situent en cette saison ni que les baies de la plupart de ces espèces persistent si longtemps en hiver. Ceci montre bien que la maturation automnale de la plupart des fruits charnus est bien affaire de stratégie !
Ainsi les mésanges profitent des millions de chenilles trouvées dans les feuillages. D’autres oiseaux mangent les petits fruits récoltés sur les arbustes et autres végétaux (bourdaine, cornouiller, garance voyageuse, pistachier, salsepareille. Les graines ainsi libérées par ces oiseaux jardiniers gagneront d’autres espaces et assureront la pérennité des plantes.
Deux oiseaux sont reconnaissables à leurs cris curieux. Le guêpier d’Europe niche en colonies dans les talus et les cavités. On le voit tournoyer en groupe dans le ciel et on le remarque à son cri bref « crruic ». Quant à la huppe elle porte un plumage contrasté et un long bec qui lui permettent de fouiller le sol à la recherche de larves. Son curieux chant » hou-pou-poup « est censé annoncer la pluie.
De nombreux oiseaux, tels les martinets noirs, utilisent les cavités naturelles des falaises, profitant des courants d’air chaud qui balayent les parois rocheuses. Les effets du gel se font moins sentir et les plantes installées au pied des falaises aident à la nutrition. Ces hôtes des parois y amènent les graines de figuier et de micocouliers.

Vie animale et vie végétale sont donc étroitement liées !

L’un des poissons les plus intéressants de la Beaume est l’apron (Zingel asper), poisson rare typique du bassin du Rhône vivant dans les eaux claires et oxygénées sur fond de graviers. Cette espèce protégée est remarquable par sa morphologie et sa biologie.
Long de 15 à 20 cm, son corps fuselé montre un dos gris-brun, des anneaux sombres postérieurs et un long aiguillon sur le bord de l’opercule. Ses 2 nageoires dorsales sont épineuses et ses nageoires pelviennes lui servent d’appui quand se pose sur le fond. Il se reproduit en mars-avril dans des eaux franches et peu profondes. Après une vie pratique, l’alevin gagne le fond. Solitaire, dans la journée il reste tapi dans les graviers et sort au crépuscule en quête de nourriture (petits invertébrés et alevins). C’est le repérage nocturne qui a permis son étude, son approche étant alors plus facile.
Espèce endémique, il occupe des aires très restreintes limitées au Rhône et ses affluents dont la rivière la Beaume. Différents facteurs conduisent actuellement sa régression. Son isolement et sa faible fécondité risquent de conduire à un appauvrissement génétique. La dégradation des rivières lui est aussi néfaste (prélèvements de graviers dans lesquels il niche et pollution des eaux). L’objectif (tant Labeaume que dans le bassin du Rhône) est donc de protéger ses biotopes et de sensibiliser les publics sur la nécessité de préserver ce patrimoine naturel.

LA FLORE DE LABEAUME

Toutes les plantes installées sur le plateau de Labeaume ont en commun leur adaptation à l’environnement et au climat méditerranéen caractérisé par des étés chauds et secs, par une forte luminosité, et une pluviosité plutôt concentrée sur l’automne et l’hiver.

L’association forestière typique est la forêt de chênes verts ou chêne yeuse, qui se mêle au chêne pubescent.
Divers arbustes peuvent composer le sous-bois, comme les micocouliers, pistachiers térébinthe, bourdaines, lauriers tin, lauriers sauce, buis.
La forêt peut être dégradée par l’intervention humaine, pour évoluer vers une garrigue, association végétale buissonnante sur sol calcaire. Loin d’être pauvres, ces garrigues sont couvertes d’arbustes (buis) et de sous arbrisseaux (thym, lavandes). On y observe la grande euphorbe évitée par les brebis à cause de son lait blanc toxique. D’aspect monotone en été, elles se couvrent au printemps de séquences colorées de fleurs, de bulbes ou d’annuelles. Les espaces libres se couvrent d’herbes peu exigeantes : des coussins d’Hélianthèmes blanches, des touffes d’Aphyllanthes. Sur les sols pauvres laissés libres, apparaissent l’oursin bleu aux feuilles piquantes, la lunetière qui doit son nom à ses fruits en forme de besicles, l’herbe bitume espèce fourragère dont les feuilles froissées dégagent une odeur de goudron.
De nombreuses graminées (avoines, bromes) sont présentes. Renonçant à toute parure attractive et tout pétale superflu, elles confient au seul vent leur pollen. Leurs semences sont parfois équipées d’arêtes qui s’accrochent à la toison des animaux. Leur méthode de prolifération est d’une efficacité redoutable. Elles forent le sol pour s’y planter, mais sur sol aride, leurs semences pourront attendre une saison plus favorable à leur germination. Qui fait mieux ?

Les vieux murs et les fissures du calcaire s’animent, offrant aux plantes des supports. Chaque fissure, chaque anfractuosité reçoit un jour des graines dispersées par les oiseaux ou le vent. Il ne faut donc pas s’étonner de voir des figuiers, des micocouliers et des arbustes s’y développer. Si l’eau vient à manquer, s’installent les plantes grasses (sédums, nombril de Vénus), ou les fougères comme le cotrach dont les feuilles se recroquevillent en été et laissent voir des écailles protectrices rousses. Le plus souvent les plantes des rocailles ont des fortes racines pour s’accrocher à ces supports parfois verticaux. Leur mode de dissémination est aussi spécialisé, les semences pouvant être dispersées par les fourmis ou même les gouttes de pluie.
Sur les éboulis ou les coteaux pierreux, la saponaire de Montpellier forme au printemps des coussins de fleurs roses ; le pavot cornu ou glaucier installe sa rosette de feuilles blanchâtres et se montre original, pour un pavot, avec ses fleurs jaunes et ses fruits très allongés. On n’oubliera pas l’asperge, le petit houx et les lianes épineuses telle la salsepareille, la garance voyageuse…

Toutes ces plantes sont soumises à deux contraintes, la sécheresse   estivale et la présence de calcaire dans le sol.
Or la sécheresse estivale peut être redoutable !
La transpiration est compense par l’absorption d’eau par les racines, mais le problème se pose quand le sol est trop sec. Le dilemme est de perdre le moins d’eau possible, sans compromettre les apports nutritifs. Une température élevée, un éclairement intense, les mouvements de l’air, en augmentant la transpiration, accroissent encore le déficit hydrique de la plante. Les plantes peuvent donc mourir de soif si le sol est sec ou mourir de faim si la photosynthèse s’arrête !
L’adaptation et la sécheresse se manifeste par différentes stratégies.
— Les végétaux ont d’abord des rythmes de végétation propres au climat méditerranéen avec repos en été (estivage), puis reprise en septembre-octobre avec l’arrivée des pluies. Les hivers étant doux, le développement peut se poursuivre tout en étant ralenti. De sorte que la floraison peut être précoce dès la fin de l’hiver. Mais c’est surtout en avril-mai que la floraison est la plus fournie.
— Les plantes peuvent améliorer les capacités de prélèvement d’eau dans le sol par un accroissement de leur système absorbant. Profitant des diaclases du calcaire, les arbres possèdent des systèmes pivotants à extension verticale jusqu’à plusieurs mètres ce qui permet d’atteindre des profondeurs où le sol est humide. Les plantes de plus petite taille développent un réseau de surface par des racines à extension latérale, profitant ainsi de la moindre pluie.
— D’autres peuvent mettre en réserve de l’eau. C’est le cas des plantes grasses dont les cellules hypertrophiées sont riches en mucilages réduisant les pertes d’eau (sedums, nombril de Vénus, figuier de Barbarie).
— Les plantes peuvent aussi réduire les pertes en eau par différentes structures adaptatives limitant la transpiration.
Pour avoir une surface d’évaporation faible, le port est ramassé (thym) les feuilles sont petites, souvent épineuses, réduites à des écailles (thym, aphyllanthes (œillet bleu de Montpellier, asperges).
La surface foliaire autorise une très faible transpiration grâce à un épaississement du revêtement épidermique souvent recouvert d’un dépôt cireux, ce qui donne aux feuilles un aspect luisant et vernissé (chêne vert, bourdaine, buis.). Sur cette surface, il y a réduction du nombre de stomates (orifices par lesquels se font les échanges d’eau et de gaz avec l’environnement).
De nombreuses feuilles possèdent des revêtements de poils épidermiques leur donnant un aspect blanchâtre, à voir en particulier sur la face inférieure des feuilles des chênes vert et pubescent, de l’olivier. Le micocoulier enroule ses feuilles dans le même but.
La garrigue est riche en parfums. La nuit, les plantes fabriquent et accumulent des huiles essentielles. Dans la journée, elles seront libérées par évaporation, ce qui va consommer de la chaleur et donc refroidir la plante. Ainsi La plante peut résister aux fortes chaleurs en prélevant du chaud (thym, romarin, menthe, genévrier cade).

Le substrat calcaire :
Le calcium étant un véritable poison pour de nombreuses plantes, les plantes du plateau de Labeaume sont calcicoles. Elles supportent le calcium mais ne l’assimilent que très peu. Elles ne sont donc pas intoxiquées. En fait beaucoup d’espèces calcicoles recherchent la chaleur (chêne pubescent, buis) car à ensoleillement égal, les sols calcaires sont plus chauds que les autres sols.

Feuillage persistant et feuillage caduc :
Dans les paysages ardéchois, comme dans la forêt méditerranéenne en général, coexistent feuillages caducs et feuillages persistants, ce qui donne à  cette forêt un aspect toujours vert. En fait, les feuilles tombent mais pas toutes en même temps.
La feuille est par nature un organe éphémère. Elle est en relation avec le milieu aérien puisqu’elle est le siège de la transpiration et de l’échange des gaz. Elle est aussi le siège de la photosynthèse qui apporte à la plante les matières organiques nécessaires au maintien de la vie. Du fait de cette activité métabolique intense, elle vieillit vite et doit être renouvelée. Les feuilles sont donc par essence caduques.

Quel est l’intérêt d’avoir un feuillage persistant ?
Les plantes à feuillage caduc voient donc leur activité se ralentir fortement pendant les 5 à 6 mois de l’année où les feuilles sont absentes. Ce n’est pas le cas des plantes à feuillage persistant qui doivent cependant se prémunir des risques de gel par différentes protections mécaniques, tels les revêtements foliaires (épaisse cuticule, poils), des protections physiologiques (augmentation de la concentration du liquide cellulaire formant une protection antigel) … Les équipements qui servent contre la sécheresse servent donc aussi contre le froid !
Ainsi protégées, ces plantes peuvent continuer leur photosynthèse pendant les belles journées d’hiver. Elles rattrapent donc le temps perdu pendant les périodes de sècheresse estivale où l’absence d’eau interdit la photosynthèse. Si la sécheresse se prolonge, la plante peut même perdre plus de feuilles pour éviter une trop grande transpiration. Elle compensera le manque d’eau plus tard. Cette stratégie de conservation d’une partie du feuillage autorise donc une certaine souplesse de la gestion foliaire.

Souvent subtiles et inattendues, les interactions entre climat, relief, nature du sol rendent toutes les espèces solidaires. Avec obstination et énergie, grâce à des processus harmonieusement coordonnés, la vie végétale reprend toujours après la pire des adversités, à moins que la sottise humaine ne s’en mêle !